Par Jean-Pierre LOUVEL,
Président de l’Espace Parisien Histoire Mémoire Guerre d’Algérie
L’Espace Parisien Histoire Mémoire Guerre d’Algérie œuvre pour la transmission de la mémoire en s’adressant tout particulièrement à la jeunesse. Elle s’assure le concours de partenaires apportant de par leurs recherches et leurs travaux la crédibilité et la compétence indispensables à la compréhension de cet épisode tragique de l’histoire de la France. L’Ancien d’Algérie dans son numéro 562 de décembre 2017 se faisait l’écho des activités mémorielles entreprises en partenariat avec le monde éducatif, littéraire et culturel.
Après avoir mis l’accent sur la guerre d’Algérie par l’écrit, par l’image, par des témoignages lors de colloques, forums, expositions et enregistrements audiovisuels nous avons porté notre regard sur un sujet d’actualité à savoir celui des archives.
Ainsi le 11 avril l’auditorium de l’Hôtel de Ville de Paris accueillait l’Espace Parisien Histoire Mémoire Guerre d’Algérie (EPHMGA) pour son colloque : « Mémoire de la Guerre d’Algérie en 2019 : La place des archives nationales et internationales ». Cette journée fut également l’occasion de célébrer ses dix années d’existence illustrées par divers documents et projections audiovisuelles.
L’intérêt de ce colloque de par son titre et les personnalités intervenantes s’est concrétisé par une forte inscription des participants posant un problème compte-tenu de la capacité des locaux.Comme pour tout événement de ce genre la mise en place des listes d’attente, les habituelles défections permirent de pallier partiellement la déception inhérente à une telle situation.D’ailleurs un remerciement à toute l’équipe qui participa à l’organisation , à l’accueil, au déroulement et à la mise en scène de ce colloque .
Le trait marquant de cette journée est la diversité du public réflétant l’objectif que nous nous étions donnés : celui d’acteurs-passeurs de mémoire souhaitant créer ou renforcer le lien entre le monde de l’écriture, celui de l’enseignement – professeurs et élèves – et les représentants des principales institutions recueillant, restaurant et diffusant les documents inhérents à cette période difficile à appréhender. Dans l’assistance se côtoyaient les acteurs du passé et ceux qui prenant le relais ont pour vocation de l’étudier et de l’enseigner :historiens, chercheurs, archivistes, professeurs , personnalités représentant les associations d’anciens combattants , appelés, rappelés,soldats de métier, harkis, anciens membres de l’ALN et du FLN , journalistes en particulier de la presse algérienne et de radio Beur-FM , l’ANFANOMA, la MAFA, l’ANPROMEVO. A souligner la présence de 70 lycéens de la Maison d’Education de la Légion d’Honneur de St Denis (93) , de Diderot (Paris XIX e) et de Notre Dame à Verneuil (78) , d’élu(e)s , de responsables de la Fondation pour la Mémoire de la Guerre d’Algérie , de nos partenaires ONACVG, INA, ECPAD, SHD, La Contemporaine.
Revenons au programme
Le foyer de l’auditorium a permis d’accueillir les participants alliant convivialité et information l’ONACVG présentant une petite partie de son exposition « La guerre d’Algérie , Histoire commune , mémoires partagées » et l’EPHMGA la rétrospective de ses dix années d’activités .
Madame Catherine Vieu-Charier Adjointe à la Maire de Paris chargée de la Mémoire et du Monde Combattant Correspondant Défense retenue en derniére minute adressa un message réaffirmant son soutien au travail de mémoire entrepris et exprimé en cette journée de dialogues et d’échanges.
Nous avons tenu à rendre hommage à celle et à ceux qui participèrent à la fondation et à la vie de l’association : Odette Christienne cofondatrice en 2004 alors adjointe au Maire de Paris en charge de la Mémoire , des Anciens Combattants et des Archives que salua madame Breyton proviseure du Lycée Henri IV porteuse d’un message de monsieur Corre, ancien proviseur, Jean-Pierre Farkas, grand reporter, journaliste , écrivain créateur de notre conseil scientifique, Jean Lanzi, journaliste , Daniel Lefeuvre et Gilbert Meynier, historiens qui participèrent à nos travaux.
La séquence introductive permit à Benjamin Stora, historien, professeur des universités, spécialiste du Maghreb contemporain de souligner le difficile travail des historiens face à la complexité de l’analyse et de l’interprétation des archives .
Nous avions articulé le colloque autour de trois tables rondes réunissant des spécialistes de l’écriture de la mémoire de la guerre d’Algérie, des responsables du monde éducatif appelés à utiliser ces outils pédagogiques que sont les archives et enfin les représentants des institutions officielles dont la finalité est de rassembler et de divulguer les traces écrites, orales et audiovisuelles du conflit.
La première table ronde regroupait Jean-Jacques Jordi, spécialiste de la colonisation et de ses acteurs, Marius Loris Doctorant à l’université Paris 1 Sorbonne, Guy Pervillé, rofesseur émerite d’histoire contemporaine à l’université de Toulouse, Tramor Quemeneur, chargé de cours à Paris 8, membre du Conseil d’orientation du musée national d’histoire et d’immigration avec pour modérateur Benjamin Stora.
A la méridienne, les participants furent conviés à se restaurer autour d’un buffet préparé et servi par la « brigade mixte » efficace et chaleureuse de Roger Barbieux, président des ACPG-CATM de Paris, vice-président de l’association.
La seconde partie de la journée débuta par la table ronde traitant des archives en tant qu’outil pour l’enseignement.Elle a réuni Claude Bazuyau, ancien professeur d’Histoire au Lycée Buffon Paris XVe, Benamar Benzemra, conseiller Défense-Mémoire et Proviseur du Lycée Kandinsky (92), Claire Bonnin, professeure d’Histoire à la Maison d’Education de la Légion d’Honneur de Saint-Denis(93 ), Laurence Ruffault, professeure de Français au Lycée Diderot Paris XIXe, Abderahmen Moumen, chargé de mission à l’ONACVG, avec pour modérateurs Paul Max Morin Doctorant-Sciences PO Paris-CEVIPOF et Maxime Ruiz, chargé de mission à l’ONACVG.
La troisième table ronde traita des aspects spécifiques des archives , leur existence, leur contenu, leur volume et leur forme. Les détenteurs et exploitants de ces richesses mémorielles s’exprimèrent en professionnels :le Commandant Romain Choron et Frédéric Quéguineur de la Direction du Service Historique de la Défense, Jean-Paul Guéroult, documentaliste à l’INA, Emmanuel Thomassin, chef de département à l’ECPAD, Gérard Petitjean, archiviste à la Contemporaine et André Rakoto, directeur de l’ ONACVG de Paris, Hervé Serrurier, conseiller-mémoire du même Office national assurant la modération.
Durant cette journée la parole fut donnée à la salle et la nature des échanges chargés souvent d’émotion dans leur vivacité de leur expression démontra si besoin était que débattre, évoquer la guerre d’Algérie est toujours un sujet délicat tant les approches sont diverses.
Transmettre la mémoire aux jeunes générations est une quête de vérité qui se doit d’être crédible. Pour nous acteurs de cette « épopée » historique le cheminement ne peut s’accomplir sans l’implication de nos partenaires car ils sont les interlocuteurs incontournables encadrant notre démarche et le relais essentiel de notre mémoire auprès de la jeunesse.