Comme le montrent les cinq montages vidéo rendant compte des débats que nous présentons ici, la question du libre accès aux archives de cette période est apparue, lors de cette journée comme une question centrale.
Le président Macron a rendu publique, le 13 septembre 2018, lors de sa visite à la veuve de Maurice Audin, Josette Audin, une déclaration disant que son mari avait été tué par les militaires qui le détenaient et que sa mort avait été rendue possible par un système autorisant l’armée à détenir et interroger tout suspect. Ce système a conduit à des milliers d’autres disparitions d’Algériens (voir le site 1000autres.org), et, afin d’aborder leur sort, le besoin se fait sentir aujourd’hui d’un arrêté de dérogation générale portant ouverture des archives de la guerre d’Algérie, comparable à celui de décembre 2015 concernant celles de la Seconde Guerre mondiale.
Voici les principaux moments de ces débats.
Le député de Seine-Saint-Denis, Stéphane Peu, ainsi que Pierre Audin soulèvent la question de l’obstacle que constitue en France le « secret défense » pour la recherche de la vérité dans le sort de ces disparus de la guerre d’Algérie. Gilles Manceron souligne que l’appliquer aujourd’hui a pour effet de dissimuler des crimes. Dans l’affaire Audin, Sylvie Thénault montre que les archives militaires contiennent des documents produits par le mensonge et ne croit pas qu’on apprenne grand chose dans les archives sur les disparitions. Gilles Morin n’est pas d’accord, il pense qu’on trouvera des traces significatives quand on ouvrira les archives et qu’il faut que cette ouverture soit extrêmement large, beaucoup plus large que ce qui nous est promis pour l’instant. Au nom du Service interministériel des archives de France, Jean-Charles Bedague, explique que les archivistes font, en fonction des textes en vigueur, un énorme travail préalable de repérage des documents concernant les disparus et demandent la levée, un à un, de leur classification, ce qui prend beaucoup de temps.