Témoignage sur la guerre d’Algérie. « Nous étions des chasseurs, les fellagas le gibier »

Au printemps 1956, le gouvernement français décide d’envoyer massivement les appelés du contingent en Algérie. Deux millions de français, âgés d’à peine vingt ans, ont traversé la Méditerranée pour une opération de maintien de l’ordre, appelée à devenir la guerre d’Algérie.

Parmi eux, Jean-Pierre Crépin, né le 17 octobre 1937 à Lisieux (Calvados). Jeune instituteur, il avait réussi à retarder son départ en obtenant un sursis d’un an en prenant une « inscription factice » à la faculté. Il quitte finalement Granville en septembre 1958 pour Guingamp (Côtes d’Armor), son lieu de convocation, « sans savoir que c’était pour partir en Algérie. » Il prend le bateau à Marseille, « encore en civil. Nous étions 3 000 à bord. »

Pacifiste au sein d’un commando

Ce n’est qu’une fois arrivé à Alger qu’il revêt les habits militaires, pour être intégré au 9e régiment des zouaves. Il fait ses classes quatre mois en Kabylie. « En tant qu’instituteur, j’aurai dû faire une école d’officier mais j’ai refusé, explique ce pacifiste, qui avait manifesté contre cette guerre. Je faisais alors partie des rares privilégiés à être préparé mentalement à ce qu’il allait m’arriver, en lisant notamment La Question, d’Henri Alleg, interdit à l’époque, et les journaux (Témoignage Chrétien, France Observateur) qui tentaient de rendre compte de la réalité. »

« Nous étions chasseurs de gibier »

Après ses classes, Jean-Pierre Crépin est envoyé dans un commando de chasse en zone interdite, dans le massif montagneux de l’Ouarsenis, au sud d’Alger, dans le cadre de la mise en place du plan Challe. Ce plan avait pour objectif de détruire les unités de l’Armée de libération nationale (ALN) de l’intérieur, d’occuper de façon permanente leurs positions, et de démanteler l’organisation politico-administrative du Front de libération nationale (FLN). « Ces zones interdites, parfois équivalentes à un département français, étaient vidées complètement de leur population qui trouvait refuge dans des camps. Nous étions des chasseurs qui chassaient le gibier, en l’occurrence les fellagas (combattants du FLN). » Au sein de ce commando, Jean-Pierre Crépin côtoient des harkis (supplétifs dans l’armée française), « des volontaires payés pour rapporter de l’argent dans leur famille ».

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