Il avait 20 ans, il raconte sa guerre d’Algérie
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Claude Lesec a été mobilisé durant la guerre d’Algérie et conserve des souvenirs intacts de cette période. Il raconte…
Claude Lesec est né et a vécu toute sa vie dans la même maison à Espaillat, lieudit proche de Poulaines. « Cinq générations s’y sont succédé », clame fièrement cet ancien ouvrier agricole. Mobilisé durant la guerre d’Algérie ou plutôt, le maintien de l’ordre en Algérie comme on disait en mai 1958 au moment de son départ, il a gardé en mémoire cet épisode particulier de sa vie.
Affecté dans le sud du Sahara, Claude Lesec n’a vu aucun combat. « J’étais très loin des hostilités et des atrocités… »
« Nous étions la police du désert » Début du voyage, Limoges pour un bilan santé puis direction Bordeaux pour embarquer à Marseille le 5 mai 1958. Et ce fut le grand saut dans l’inconnu pour quelqu’un qui n’était jamais sorti de son village. « Nous étions plusieurs copains mais pas destinés aux mêmes régiments. Dès notre arrivée à Alger, nous avons senti qu’il y avait une tension entre la France et l’Algérie. On entendait des tirs. J’ai le souvenir du défilé de Charles de Gaulle sur la route de l’aéroport, nous étions sur les bords de la route. Le danger était palpable. »
« D’abord nous avons fait nos classes, cinq mois et demi au centre d’instruction de l’armée blindée de cavalerie. »
Ensuite, ce fut le départ dans le Sahara. « Mes parents avaient acheté une carte de l’Algérie pour pouvoir me suivre à travers les courriers. » Cette fameuse carte il l’a sous les yeux et le voyage y est tracé.
Adrar, lieu de destination principal. « Trois jours de trains dans des wagons à bestiaux, c’était le comble pour un agriculteur ! » s’amuse-t-il. Deux jours de pistes en camion, soit 1.720 km au sud d’Alger et le début des nuits sur le sable à la belle étoile.
« Nous disposions de vingt-cinq jeeps. J’ai été conducteur pendant toute ma mobilisation. Nous escortions les convois de matériel qui se rendaient à Regan pour les essais nucléaires. Il y en a eu deux pendant ma présence. Quand nous traversions la zone de radiation en Jeep, nous étions en chemisettes, mais les médecins qui nous examinaient étaient harnachés comme des cosmonautes. Je n’ai rien eu, mais d’autres ont eu besoin de soins. »
La mission consistait aussi à sécuriser la frontière avec le Mali. « Nous étions la police du désert. Dans mes souvenirs agréables, il y a les contacts avec les caravanes de chameaux et de Bédouins qui transportaient des dattes. Il y avait aussi beaucoup de passages de camions. Ils descendaient du Nord pour livrer dans le Sud des bidons de goudron ou autre et ils remontaient avec des moutons. À l’aller, nous les invitions à manger et, au retour, ils nous laissaient un mouton. Beaucoup de nos hommes sont restés là-bas pour travailler comme chauffeur poids lourds pour les pétroliers. »
« Nous devions payer l’intégralité de notre nourriture alors on chassait la gazelle, quarante-huit en cinq mois. Les uniformes étaient obligatoires mais entièrement à notre charge, jusqu’au képi ! »
Affecté dans le sud du Sahara, Claude Lesec n’a vu aucun combat. « J’étais très loin des hostilités et des atrocités… »
« Nous étions la police du désert » Début du voyage, Limoges pour un bilan santé puis direction Bordeaux pour embarquer à Marseille le 5 mai 1958. Et ce fut le grand saut dans l’inconnu pour quelqu’un qui n’était jamais sorti de son village. « Nous étions plusieurs copains mais pas destinés aux mêmes régiments. Dès notre arrivée à Alger, nous avons senti qu’il y avait une tension entre la France et l’Algérie. On entendait des tirs. J’ai le souvenir du défilé de Charles de Gaulle sur la route de l’aéroport, nous étions sur les bords de la route. Le danger était palpable. »
« D’abord nous avons fait nos classes, cinq mois et demi au centre d’instruction de l’armée blindée de cavalerie. »
Ensuite, ce fut le départ dans le Sahara. « Mes parents avaient acheté une carte de l’Algérie pour pouvoir me suivre à travers les courriers. » Cette fameuse carte il l’a sous les yeux et le voyage y est tracé.
Adrar, lieu de destination principal. « Trois jours de trains dans des wagons à bestiaux, c’était le comble pour un agriculteur ! » s’amuse-t-il. Deux jours de pistes en camion, soit 1.720 km au sud d’Alger et le début des nuits sur le sable à la belle étoile.
« Nous disposions de vingt-cinq jeeps. J’ai été conducteur pendant toute ma mobilisation. Nous escortions les convois de matériel qui se rendaient à Regan pour les essais nucléaires. Il y en a eu deux pendant ma présence. Quand nous traversions la zone de radiation en Jeep, nous étions en chemisettes, mais les médecins qui nous examinaient étaient harnachés comme des cosmonautes. Je n’ai rien eu, mais d’autres ont eu besoin de soins. »
La mission consistait aussi à sécuriser la frontière avec le Mali. « Nous étions la police du désert. Dans mes souvenirs agréables, il y a les contacts avec les caravanes de chameaux et de Bédouins qui transportaient des dattes. Il y avait aussi beaucoup de passages de camions. Ils descendaient du Nord pour livrer dans le Sud des bidons de goudron ou autre et ils remontaient avec des moutons. À l’aller, nous les invitions à manger et, au retour, ils nous laissaient un mouton. Beaucoup de nos hommes sont restés là-bas pour travailler comme chauffeur poids lourds pour les pétroliers. »
« Nous devions payer l’intégralité de notre nourriture alors on chassait la gazelle, quarante-huit en cinq mois. Les uniformes étaient obligatoires mais entièrement à notre charge, jusqu’au képi ! »
BRIGITE OSVATH
Correspondante