L’adaptation du livre de Laurent Mauvignier met en scène des paysans hantés par la guerre d’Algérie, dont Feu-de-Bois, incarné par Gérard Depardieu. Lequel aborde le sujet dans le recueil autobiographique « Ailleurs ».
Au quintal de haine et d’abjection, il faut ajouter le poids de la mémoire et la surcharge pondérale de la solitude, au fond d’un gourbi. Le « calme bloc ici-bas chu d’un désastre obscur », sculpté par Mallarmé, c’est Gérard Depardieu, dans le beau film de Lucas Belvaux. « Des hommes » (prochainement en salles) est l’adaptation du roman polyphonique de Laurent Mauvignier, qui donne la parole – le plus souvent intérieure – à une poignée de paysans français, dont les rides cachent mal les cicatrices. Revenus traumatisés de la guerre d’Algérie, ils sont hantés par les images insoutenables de camarades abattus, de fellagas torturés, de filles violées, de villages détruits au napalm, de harkis trahis. Pour eux, la guerre ne sera jamais finie. Quarante ans plus tard, ils sont incapables de survivre en paix.