Guerre d’Algérie : « Nommer les victimes de la disparition forcée vaudrait réparation symbolique »


Tribune
Malika Rahal Historienne
Fabrice Riceputi Historien

Les responsables du projet « 1 000 autres » tentent de sortir de l’anonymat les milliers de « disparus » de la guerre d’Algérie, alors que le rapport Stora remis en janvier à Emmanuel Macron recommande d’œuvrer à la publication d’un « guide » sur le sujet.

Publié le 05 février 2021 à 07h00 Temps de Lecture 2 min.

Tribune. En septembre 2018, le président français demanda pardon au nom de la France à Josette Audin, veuve du disparu Maurice Audin, et reconnut qu’un « système » avait permis le crime. Son « pardon » aurait donc pu s’adresser à toutes les autres Josette Audin. Le rapport de Benjamin Stora suggère aujourd’hui au président de reconnaître la séquestration, la torture et l’assassinat maquillé en suicide de l’avocat Ali Boumendjel. La veuve de ce dernier, Malika Boumendjel est morte en août 2020, sans avoir reçu de la France cette reconnaissance qu’elle aussi n’avait eu de cesse d’exiger. Mais des milliers de Josette Audin et de Malika Boumendjel sont toujours vivantes.

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Durant la guerre d’indépendance algérienne, des milliers d’Algériens et d’Algériennes cherchèrent désespérément à savoir quel sort avait été réservé à un de leur proche enlevé, souvent sous leurs yeux, par l’armée française. Nos archives en gardent quelques traces. Ainsi cette lettre de Mme Remil, en décembre 1958, aux autorités coloniales :

« Si mon fils vit et est emprisonné, on n’a pas le droit de me laisser ignorer l’endroit où il se trouve. Et s’il est mort, on doit me le dire également. Si l’on reprochait quelque chose à mon fils, il aurait dû être interrogé, emprisonné, jugé et enfin condamné. Mais lui, de l’instant où il a été pris, il a disparu. »

C’est seulement bien plus tard que ce mode opératoire de la répression coloniale, systématiquement employé par l’armée française à partir de 1957 en Algérie, fut condamné par le droit international. Notamment du fait de son emploi en Amérique latine, où des militaires français l’avaient enseigné : la disparition forcée est considérée aujourd’hui par l’ONU comme un crime contre l’humanité.

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