Avoir 17 ans dans l’OAS, le combat perdu pour l’Algérie française

« L‘attentat qui m’a le plus marqué, ça a été au Cirque Monte-Carlo en septembre 1960. Là vous réagissez de manière brutale et bestiale ». Peu de temps après, Régis Guillem rejoignait l’Organisation armée secrète (OAS) qui allait à son tour ensanglanter l’Algérie.

Soixante ans après la création de l’OAS, le 11 février 1961, ces trois lettres restent associées aux pages les plus noires de la Guerre d’Algérie, entre insurrection pro-Algérie française et coups de force d’ultras de l’extrême droite qui débordèrent en métropole.

Pour Régis Guillem, jeune aide-comptable de Mostaganem (Ouest de l’Algérie), l’OAS devient alors l’ultime rempart contre le Front de libération nationale (FLN) qui mène lui-même une lutte sans merci pour l’indépendance de l’Algérie depuis 1954.

« A l’âge de 12 ans, j’avais déjà vu des têtes décapitées le long d’une voie ferrée. C’était des garde-barrière, le mari et la femme », raconte-t-il.

Mais le « déclic » qui le conduit à prendre les armes, ce sera l’attentat du Cirque Monte-Carlo à Mostaganem, qui fait cinq morts et une cinquantaine de blessés.

La voix de Régis Guillem, aujourd’hui âgé de 76 ans et directeur commercial à la retraite à Royan (Ouest de la France), se brise encore au souvenir de cette soirée-là.

« Quand mon ami a pris sa fiancée, qui était là, elle n’avait plus de jambes. La bombe était tombée sur elle », dit-il.

« Je me suis dit +maintenant ce sera oeil pour oeil, dent pour dent+ », ajoute le futur combattant de l’OAS, d’abord passé par Jeune Nation, un mouvement nationaliste révolutionnaire né en métropole qui s’implanta en Algérie à la fin de l’année 1956.

« Un travail à faire »

« A partir de ce moment-là, avec des amis, on a commencé à faire ce qu’on appelait du contre-terrorisme. Ensuite, l’OAS est arrivée, j’ai été recruté parce que j’avais déjà un petit commando », relate Régis Guillem.

« Récupération » de véhicules, d’armes, hold-up pour collecter des fonds: le jeune combattant de l’Algérie française participe d’abord à la logistique inhérente à toute organisation clandestine.

Passé de Mostaganem à la grande métropole voisine d’Oran, où la guérilla urbaine fait rage, il se retrouve aux prises avec les gardes mobiles, parfois dans de véritables combats de rue.

Mais il va aussi être associé à des opérations beaucoup plus musclées au coeur même de l’ADN de l’organisation: le « ciblage » et l’élimination des « adversaires » de l’Algérie française.

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