Guerre d’Algérie: «L’occultation du massacre de la rue d’Isly tue les victimes une seconde fois»

Le 26 mars 1962, des soldats de l’armée française ouvraient le feu, rue d’Isly à Alger, sur des manifestants «pieds-noirs», faisant au moins 46 morts et 150 blessés. A l’heure du rapport Stora, le silence qui entoure ce drame aggrave le sentiment d’injustice des Français d’Algérie et de leurs descendants, explique Jean Tenneroni.

Par Jean Tenneroni

Publié le 26/03/2021 à 14:46, Mis à jour le 26/03/2021 à 18:53

Dans La Peste Camus fait dire au prêtre Paneloux que l’amour de Dieu «seul peut effacer la souffrance et la mort des enfants (…) sur ce sommet, tout se confondra et s’égalisera, la vérité jaillira de l’apparente injustice.»

C’est en 1913, non loin de ma ville de Bône, qu’Albert Camus vit le jour, année où fut inauguré ce fleuron de l’art néo-mauresque qu’est la Grande Poste d’Alger.

Né en Algérie française en 1962, je vis le jour pendant sa mise à mort. Je serai peut-être le dernier des Mohicans de cette chaleureuse tribu de «Blackfoot». Quelques semaines après ma naissance, le 26 mars, un torrent de sang jaillit sur le plateau des Glières devant cette Grande Poste d’Alger. Des soldats appartenant à une unité de tirailleurs de l’armée française abattirent officiellement 46 manifestants européens (avec des estimations plus hautes, jusqu’à 80 morts, après prise en compte des morts hospitalisés) et firent 150 blessés.

Ces Français d’Algérie n’avaient pour toute arme que des drapeaux tricolores et pour tout dessein que de vouloir rester Français sur leur terre natale. Camus qui aimait tant la Vérité et la Justice, n’aurait-il pas exigé l’une et l’autre pour nos compatriotes tués rue d’Isly?

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