France-Algérie : Benjamin Stora défend son rapport devant les députés


par Soizic BONVARLET, le Mercredi 5 mai 2021 à 09:51, mis à jour le Mercredi 5 mai 2021 à 16:13

Emmanuel Macron l’avait mandaté en juillet 2020 pour « dresser un état des lieux juste et précis » sur la mémoire de la colonisation et de la guerre d’Algérie. Après avoir remis son rapport à l’Élysée en janvier dernier, l’historien Benjamin Stora était auditionné ce mercredi 5 avril par la commission des affaires culturelles et de l’éducation de l’Assemblé nationale.

Le présent est tumultueux mais l’historien fait confiance au temps long. Si les relations franco-algériennes ont été particulièrement tendues ces dernières semaines, suite au report sine die de la visite de Jean Castex prévue en avril à Alger, et aux propos du ministre algérien du Travail, Hachemi Djaâboub, qui a qualifié la France d' »ennemi traditionnel et éternel », Benjamin Stora ne désespère pas. Devant les députés, l’historien spécialiste de l’Algérie française et post-coloniale est revenu sur les conclusions de son rapport, remis le 20 janvier 2021 au Président de la République. Formulant le vœu que les deux pays avancent de concert sur le chemin d’une mémoire apaisée, il espère œuvrer à une « réconciliation des peuples français et algérien ».

Dépasser l’antagonisme mémoriel
« Soixante ans après, l’Histoire est encore un champ en désordre, en bataille quelquefois », écrit Benjamin Stora dans son rapport. L’historien plaide pour une reconnaissance affirmée des crimes commis durant la colonisation, puis durant la guerre, longtemps oubliés ou minimisés en France. Ainsi du conflit lui-même, qui, bien qu’il ait duré près de huit années, est longtemps resté sans nom, ou pudiquement appelé « événements d’Algérie ». L’objectif est de mettre fin à ce que Benjamin Stora nomme la « communautarisation des mémoires ».

L’historien considère que « tout groupe appartenant à cette histoire est spécifique, mais aucun n’est exceptionnel et nul ne doit être placé au-dessus des autres. Or, chaque groupe exige une empathie à sens unique, unilatérale, exclusive ». Lutter contre cet antagonisme mémoriel est un enjeu d’autant plus important, note le rapport, qu’ »aujourd’hui, en France, plus de sept millions de résidents sont toujours concernés par l’Algérie, ou plutôt, par la mémoire de l’Algérie ».

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