Moucheik Si Merabet habite à Fontenay-le-Comte (Vendée). Aide soignante pendant la guerre d’Algérie, elle est arrivée en France en 1962. Elle participera à l’hommage aux harkis et autres membres des formations supplétives samedi 25 septembre 2021.
Un jour de mars 1962, elle a tout laissé. Moucheik Si Merabet est arrivée en France avec son mari et ses deux enfants, avec « une petite valise », c’est tout. Ils ont trouvé une petite maison au Puy Saint-Martin, à Fontenay-le-Comte (Vendée) pour y recommencer une vie, loin de la guerre.
Cette guerre, celle d’Algérie, Moucheik Si Merabet l’a vécue. À 26 ans, elle s’est engagée auprès des assistantes sociales rurales auxiliaires, plus tard appelées équipes médico-sociales itinérantes. Une unité féminine de l’armée française, chargée « d’une action psychologique et humanitaire auprès des populations civiles, explique-t-elle. Nous allions dépister les maladies et porter secours aux habitants regroupés en liaison avec la Croix Rouge et le Secours Catholique ».
« Il fallait rester neutre, en restant à notre place », dit-elle. Lorsqu’elle se déplace, avec ses trois collègues françaises, elle est escortée. Un jour, cette mission devient trop dangereuse. Elle entre alors à l’hôpital de sa ville, Tiaret. Elle y rencontre son époux, qui est fonctionnaire.
Mais l’armée française décide de mettre la famille à l’abri, en France. C’était quelques mois seulement avant l’indépendance de l’Algérie. « Nous étions les premiers arrivés à Fontenay. Les gens nous regardaient bizarrement », raconte Moucheik, aujourd’hui âgée de 89 ans. Loin des siens, elle se sent seule. « Heureusement que j’avais mes enfants. » Pour s’occuper, elle s’engage dans toutes les associations possibles. « Je ne voulais pas rester à la maison. » Elle s’intègre en « se faisant toute petite, pour ne pas se faire remarquer ». Jusqu’à effacer une partie de son identité. Elle ne parlera pas l’arabe avec ses enfants.