Dans le théâtre qu’ils écrivent et jouent, les jeunes artistes de la Compagnie Nova mettent à nu les fractures sociales et politiques de la France d’aujourd’hui. Dans Et le cœur fume encore, ils investiguent les répercussions de la guerre d’Algérie.
Une épopée de la décolonisation
C’est le second volet du diptyque Écrire en pays dominé, inspiré de l’œuvre de Patrick Chamoiseau, entamé en 2016 par Alice Carré et Margaux Eskenazi avec la Compagnie Nova qui veulent mener une investigation théâtrale sur les écritures et les pensées de la décolonisation « pour penser nos identités françaises et les oublis de sa mémoire coloniale ».
Le premier spectacle, Nous sommes de ceux qui disent non à l’ombre célébrait les poètes de la négritude et de la créolité : Aimé Césaire, Léon-Gontran Damas, Léopold Sédar Senghor, Édouard Glissant… en les inscrivant dans les questionnements philosophiques et politiques d’aujourd’hui.
Tout comme les jeunes gens avec lesquels elles travaillent, les deux metteuses en scène sont nées bien après la décolonisation, bien après la guerre d’Algérie dont elles se réapproprient l’histoire aujourd’hui. Une histoire non enseignée à l’école, qui a laissé en elles un profond malaise, et qu’elles tentent de mettre à jour, en en analysant le racisme d’État, dans Et le cœur fume encore. Après les premières représentations en 2019 qui ont eu un effet coup de poing, d’abord au festival off d’Avignon puis plus largement sur le territoire, dans des théâtres, mais aussi des lycées, elles affichent pour cette rentrée 2022 une tournée nationale peu banale pour ce type de spectacle qui n’hésite pas à mettre le couteau dans la plaie et dont on se réjouit.