Spécialiste de l’histoire de l’Algérie, où il est né en 1950, Benjamin Stora a rédigé un rapport en janvier 2021 sur les questions mémorielles liées à la guerre d’Algérie. L’historien décrypte ce conflit complexe.
À l’occasion des soixante ans des accords d’Evian mettant fin à la guerre d’Algérie, Ouest-France publie un hors-série intitulé France et Algérie : comprendre l’histoire, apaiser les mémoires. Ce hors-série revient sur l’histoire commune de la France et de l’Algérie et les initiatives pour apaiser les mémoires des deux côtés de la Méditerranée. À cette occasion, l’historien Benjamin Stora nous a accordé un entretien. Spécialiste de l’histoire de l’Algérie, il est également l’auteur d’un rapport, remis en janvier 2021 au président Macron, sur Les questions mémorielles portant sur la colonisation et la guerre d’Algérie .
Selon l’historien Pierre Nora, « l’histoire rassemble, la mémoire divise ». Pourquoi alors, le travail des historiens a-t-il tant de mal à rassembler les mémoires sur la guerre d’Algérie ?
Le travail des historiens est considérable sur la guerre d’Algérie. À la fin des années 1990, j’avais recensé près de 3 000 ouvrages. Pourquoi est-ce si difficile ? Parce que, déjà, l’Algérie n’était pas une colonie française comme les autres. Contrairement au Maroc, à la Tunisie, au Sénégal ou à l’Indochine, c’était des départements français, une partie du territoire national.