Le haut fonctionnaire, mort en 2007, avait été condamné en 1998 pour «complicité de crimes contre l’humanité» pour son rôle dans le déportation des juifs entre 1942 et 1944. Il occupait également le poste de préfet de police de Paris lors de la répression sanglante visant des Algériens, le 17 octobre 1961.
Une décision de nature à lever un coin de voile de l’histoire ? Un arrêté paru ce mardi au Journal officiel autorise de façon anticipée l’accès aux archives des procès impliquant Maurice Papon. Ces archives «peuvent être librement communiquées» à ceux qui en feront la demande, via une demande de dérogation, et ce dix ans avant la date normalement prévue pour leur ouverture, indique l’arrêté daté du 28 mars.
En temps normal, l’accès à ce type de documents n’est autorisé qu’après un délai de 75 ans «à compter de la date du document […] inclus dans le dossier», ou dans un délai de 25 ans à compter de la date du décès de l’intéressé, précise le code du patrimoine. Maurice Papon, ancien secrétaire général de la préfecture de la Gironde entre 1942 et 1944, élu député en 1968 puis nommé ministre du Budget sous Valéry Giscard d’Estaing, est mort en 2007 à l’âge de 96 ans.
Homme de cabinet dans une IIIe République agonisante, Papon choisit Vichy et la Révolution nationale de Pétain en 1940. Promu sous-préfet l’année suivante, il rejoint ensuite la Gironde, département où il sera nommé en juin 1942 secrétaire général de la préfecture. Il s’occupera notamment du service des réquisitions allemandes, de l’Occupation et du bureau des questions juives. Pour cette dernière responsabilité, il sera condamné près de cinquante-cinq ans plus tard à dix ans de réclusion criminelle pour «complicité d’arrestations illégales et de séquestrations arbitraires» dans la déportation des juifs, de Bordeaux vers Drancy. Durant cette période, près de 1 690 personnes ont été déportées. L’homme avait été remis en liberté le 18 septembre 2002, en raison de son état de santé.