La mémoire blessée des Harkis

Fuyant les massacres, des milliers de harkis rejoignent la métropole après le 5 juillet 1962. A leur arrivée, les plus démunis sont relégués dans des camps isolés. Notre journaliste a recueilli leurs souvenirs.

Les harkis, ces supplétifs musulmans de l’armée française

La départementale serpente entre les arbres. Le moteur râle dans la montée, laissant le regard se perdre sur la plaine varoise baignée des reflets orangés du crépuscule. Pousser plus loin sur cette route aux faux airs de bout du monde, c’est arriver aux gorges du Verdon. La petite commune de Montmeyan (Var) sonne la fin de la rêverie. En bord de route, quelques préfabriqués de béton défraîchis. Identiques, tout en longueur, mal isolés, les traces de rouille trahissent la tôle qui leur sert de toit. Ce site est une métastase de la guerre d’Algérie : un hameau de forestage où ont vécu des harkis, les supplétifs musulmans de l’armée française, et leur famille, fuyant l’Algérie à partir de 1962. Montmeyan est le fruit de l’impréparation du gouvernement Pompidou qui avait décidé d’abandonner ces combattants fidèles à la France. Menacés par le FLN, des dizaines de milliers de harkis sont parvenus à rejoindre la France, sans que rien n’ait été anticipé. 12 000 d’entre eux, les plus démunis, sont d’abord parqués dans six camps militaires du Sud-Ouest.

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