Pourquoi assimile-t-on la torture à la guerre d’Algérie ?

Fabrice Riceputi est historien, chercheur associé à l’Institut d’histoire du temps présent et auteur de « Ici on noya les Algériens » (éd. Le passager clandestin).

Ça m’intéresse Histoire : Comment l’armée française en est-elle arrivée à utiliser la torture contre le FLN ?

Fabrice Riceputi : Elle applique ce qu’elle a déjà fait en Indochine. Pour lutter contre des organisations clandestines fondues dans la population, la torture constitue un mode d’interrogatoire privilégié. En 1957, les généraux Salan et Massu arrivent frustrés de la défaite de Diên Biên Phu. Pendant des mois, les militaires vont même appeler les combattant du FLN « les Viets ».

Plus généralement, la torture est une forme extrême du maintien de l’ordre colonial. En Algérie, avant la guerre, la police française la pratiquait de façon routinière. Les armées coloniales ont toujours torturé, que ce soit lors des conquêtes ou pour lutter contre les rébellions.

« L’objectif de l’usage systémique de la torture, c’est de terroriser une population »

Pourquoi assimile-t-on alors la torture à la guerre d’Algérie ?

Parce qu’on y a massivement recouru du fait de la longueur du conflit, de son ampleur et de l’implantation très importante du FLN dans la population. On estime à plusieurs milliers le nombre de disparitions, mais on ne saura jamais combien précisément. En s’en prenant ainsi à des colonisés, on a fait disparaître leur corps, mais aussi leur histoire.

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