Guerre d’Algérie : «Il faut aujourd’hui fabriquer un discours capable d’unifier les mémoires»

Comment refermer les plaies de l’Algérie française et son conflit ? L’historien Benjamin Stora, qui a rendu en janvier 2021 un rapport au président Emmanuel Macron pour une réconciliation francoalgérienne, revient sur une autre guerre, celle de la mémoire.

Benjamin Stora : Deux points importants sont à souligner. Tout d’abord, l’Algérie faisait partie intégrante de la France. De 1848 jusqu’à 1962, ce territoire était constitué de départements. Un modèle unique dans l’histoire de la colonisation française. L’Algérie était administrée par le ministère de l’Intérieur. Elle relevait donc du territoire français, au même titre que la Bretagne, la Savoie ou la Corse. Il était donc inimaginable de s’en séparer. Ensuite, ce morceau de France était un paradoxe absolu. Les musulmans, population majoritaire, n’avaient pas les droits du citoyen français. Comment résoudre cette contradiction ? Pour les nationalistes algériens, qui se sont fait entendre dès les années 1920-1930, la réponse était évidente : se séparer de la France. Ce défaut de francisation a donné naissance aux premiers leaders indépendantistes tels que Messali Hadj ou Ferhat Abbas. Puis le Front de libération nationale (FLN) a lancé la lutte armée en 1954…