De “La Guerre sans nom” aux “Harkis”, le regard tardif mais franc du cinéma sur la guerre d’Algérie

LE CLIN D’ŒIL DE PIERRE MURAT – Du silence à la représentation… Le conflit, longtemps tu par la censure, a mis quelques années avant de se faire une place sur grand écran. Retour sur plusieurs films qui se sont emparés du sujet.

On la tait ou on la minimise. Durant huit ans, de 1954 à 1962, on ne parle pas, d’ailleurs, de « guerre d’Algérie » (l’expression ne sera officiellement adoptée par l‘Assemblée nationale, puis par le Sénat, que le 18 octobre 1999). Mais d’« événements » ou d’« opérations de maintien de l’ordre ». Les cinéastes qui se risquent à évoquer ce non-conflit se font, le plus souvent, interdire. Parce qu’il évoque un déserteur réfugié en Suisse qui travaille pour l’OAS, Jean-Luc Godard est censuré par Louis Terrenoire, le ministre de l’Information de l’époque. « Les paroles prêtées à une protagoniste [Anna Karina] du film et par lesquelles l’action de la France en Algérie est présentée comme dépourvue d’idéal, alors que la cause de la rébellion est défendue et exaltée, constituent à elles seules, dans les circonstances actuelles, un motif d’interdiction. » Le Petit Soldat, tourné tout de suite après À bout de souffle, en 1960, ne sort qu’en janvier 1963.

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