Longtemps passée sous silence par les autorités, la mémoire du massacre du 17 octobre 1961, où 100 à 200 Algériens ont été tués par les forces de l’ordre lors d’une manifestation pacifique à Paris, a été préservée grâce au travail acharné d’enfants de manifestants du 17-Octobre, de collectifs et de figures comme Jean-Luc Einaudi. Plus de 60 ans après, la reconnaissance de ce massacre ne semble pas encore pleinement actée. Historien, chercheur associé à l’Institut d’histoire du temps présent et auteur d’un ouvrage sur le sujet, Fabrice Riceputi apporte son éclairage sur ce qu’il qualifie d’un « crime d’État ».
« Il y aurait 54 morts […] Ils auraient été noyés, les autres étranglés, d’autres encore abattus par balles. Les instructions judiciaires ont été ouvertes. Il est malheureusement probable que ces enquêtes pourront aboutir à mettre en cause certains fonctionnaires de police« , regrette Bernard Tricot, conseiller du général De Gaulle pour les affaires algériennes, dans une note (récemment déclassifiée) qu’il lui adresse, le 28 octobre 1961. Le bilan humain du 17 octobre 1961 à Paris ? Entre 100 à 200 Algériens « noyés par balles » dans la Seine et 12 000 personnes raflées, torturées et détenues dans des camps improvisés. Au lendemain, la préfecture ne dénombre que trois morts : deux Algériens et un Français.