Les camps d’Algérie, dernier tabou de la guerre

Pendant la guerre d’Algérie, de 1954 à 1962, les autorités françaises ont déplacé de force près de la moitié de la population rurale algérienne dans des camps. Une histoire encore méconnue.

À seulement 13 ans, Malek Kellou a vu son village se transformer en camp. Des barbelés électrifiés ont été installés tout autour des maisons, surveillées, désormais, par des soldats de l’armée française. Le village n’avait plus que deux portes : l’une, à l’est pour aller chercher de l’eau, l’autre, à l’ouest, pour aller enterrer les morts. Pas de sortie avant 8h du matin, retour obligatoire avant 18h.

En plus de cette liberté confisquée, l’adolescent a dû partager son pain, son eau et ses peines avec quatre autres familles venues s’installer au sein même de son foyer. Leurs propres maisons, nichées dans les hameaux alentours, avaient été détruites par l’armée française. Ils ont été relogés de force à Mansourah, village devenu un camp de « regroupement ». Ses nouveaux colocataires, issus de tribus différentes, ne parlaient pas la même langue que lui. « Je me souviens de ce jour comme si c’était aujourd’hui. Le village a complètement changé de visage. Avec ces camps, la misère totale s’est installée. Nous étions affamés » retrace-t-il aujourd’hui.

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