André Maurel : « Quand j’étais en Algérie, je me sentais comme l’occupant »

 

  • Écrit par  Philippe Amsellem
  • lundi 4 novembre 2019 16:18

Au printemps 1956, André Maurel a fait partie des 2 millions de Français appelés qui ont traversé la Méditerranée pour prendre part à la guerre d’Algérie. Ce Toulonnais témoigne dans le documentaire « Algérie, la guerre des appelés », diffusé dimanche 3 novembre sur France 5.

Comme André Maurel, nombreux sont les appelés du contingent français à être partis en Algérie entre 1954 et 1962, la fleur au fusil. Sans penser au fait qu’ils s’impliquaient en réalité dans une guerre coloniale, celle d’Algérie. Un an après la reconnaissance par Emmanuel Macron du recours à la torture pendant la guerre d’Algérie, et à l’occasion des 65 ans du début de cette boucherie (500 000 morts), André Maurel, qui fait partie des témoins d’Algérie, la guerre des appelés, se confie sur les sentiments qui l’ont habité pendant cette période. Mais également a posteriori, dans la mesure où son jugement a quelque peu évolué. Retour sur certains des « dilemmes moraux », comme le suggèrent les réalisateurs du documentaire (Thierry de Lestrade et Sylvie Gilman), auxquels il a été confronté.

Pour quelles raisons avez-vous voulu témoigner dans ce documentaire ?

André Maurel : Je n’ai pas parlé de la guerre d’Algérie pendant longtemps. Je me suis dit qu’il y avait quand même eu, du côté français, 30 000 morts. Pas plus tard qu’hier, mon voisin de 35 ans ne savait même pas qu’il y avait eu la guerre en Algérie. Je voulais témoigner pour qu’il reste une trace de cela. Je veux éviter l’oubli. Moi, je suis né en 1932. À l’époque, la France était en compétition avec les Anglais pour qui aurait le plus d’empires coloniaux. Sur les livres de géographie, on voyait qu’ils avaient plus de territoires conquis que nous. J’allais là-bas en me disant qu’il fallait conserver nos biens.

Pourquoi n’avez-vous pas parlé de ce que vous avez vécu en Algérie, bien avant aujourd’hui ?

A.M. : J’avais peur de passer pour un bouffon, un va-t-en-guerre. C’était un traumatisme. J’étais tireur au fusil-mitrailleur. Mon pourvoyeur, celui qui me portait une musette de chargeurs, s’est fait plomber à deux mètres de moi. Et j’en ai vu d’autres tomber. J’étais en fait un civil habillé en fusilier marin. La guerre d’Algérie est un épisode important de ma vie. C’est la première fois qu’on essayait de me descendre. J’avais 24 ans à ce moment-là. C’est un épisode de ma vie post-traumatique.

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