Avec son premier roman « Requiem pour une République » (Gallimard), Thomas Cantaloube décroche cette année le prix Quais du Polar- « 20 Minutes ».
En cette période de confinement, la rédaction de « 20 Minutes » vous conseille vivement de lire ce polar passionnant où se croisent personnages historiques, truands cabossés et grands manipulateurs.
Des conditions particulières. Cette année, en raison des mesures de confinement imposées par le gouvernement pour enrayer la pandémie de coronavirus sur le territoire, le festival Quais du Polar s’est déroulé de façon virtuelle le week-end dernier. Ce qui n’a pas empêché Thomas Cantaloube de décrocher le Graal en s’adjugeant le prix des lecteurs Quais du Polar- « 20 Minutes » pour son roman policier Requiem pour une République (Gallimard). Un premier roman et un coup de maître à l’arrivée.
L’écrivain-journaliste plonge de façon envoûtante les lecteurs à la fin des années 50. Retour à l’automne 1959. La guerre d’Algérie fait rage. A Paris, dirigé d’une main de fer par le préfet Maurice Papon, un avocat proche du FLN se fait assassiner. Son épouse et ses enfants n’échappent pas non plus au massacre. Voilà pour le point de départ du récit au cours duquel trois destins vont rapidement s’entremêler. Ceux de trois hommes que rien ne permet de rassembler. Trois personnages, animés par des convictions différentes et des parcours de vie, radicalement opposés.
Collabo, trafiquant de drogue et flic inexpérimenté
Antoine Carrega, ancien résistant corse a quitté le maquis pour s’installer dans la capitale et faire écouler discrètement quelques cargaisons de drogue dans le milieu. L’un de ses amis, beau-père de la victime, le charge de faire la lumière sur ce meurtre et d’en trouver l’auteur. Sirius Volkstrom est lui aussi déterminé à débusquer le suspect. Mais pas pour les mêmes raisons. Cet ancien collabo, habitué à effectuer les basses besognes pour les officiels au pouvoir, possède une longueur d’avance. Il connaît l’identité du tireur, qui s’est évaporé dans la nature. Mais peine à lui remettre la main dessus. Et pourtant, il doit s’assurer de liquider le félon afin de l’empêcher de balancer le nom des commanditaires.
Du côté de la police chargée de mener l’enquête, Luc Blanchard, jeune flic naïf et idéaliste, fraîchement débarqué à la brigade criminelle, va vite comprendre que ses supérieurs ne vont pas lui faciliter la tâche en cherchant à brouiller les pistes. Et que les ordres pourraient même venir de bien plus haut.
Miterrand, Papon et Le Pen s’invitent dans le récit
Trahisons, revirements de situation, alliances improbables, les trois protagonistes vont s’affronter à distance, se mettre des bâtons dans les roues pour finalement s’unir au fil des 500 pages du récit que l’on dévore littéralement. Un récit dans lequel on croise Papon, Mitterrand, Le Pen, Pasqua.
Thomas Cantaloube enchaîne les chapitres subtilement, sans laisser de place à l’ennui ou la lassitude. Il parvient à mêler la fiction et les faits historiques sans dérouter le lecteur, happé par le scénario et l’intensité de personnages complexes mais fouillés. Barbouzes, truands au code d’honneur… Les salauds du départ finissent par émouvoir, révélant progressivement une part d’humanité que l’on pensait secrètement enfouie. Sans que l’histoire ne tombe dans la mièvrerie. Bien plus qu’un roman historique, Thomas Cantaloube signe là un véritable polar, passionnant et instructif. A coup sûr, la révélation de l’année.