Les massacres du 8 mai 1945 s’inscrivent dans une longue série de crimes de guerre et contre l’humanité perpétrés par la France coloniale depuis que ses armées ont foulé la terre d’Algérie en 1830, ces crimes revêtant à chaque fois une dimension génocidaire, par leur ampleur, leur caractère indiscriminé et leur durée dans le temps, affirment des historiens et des témoins.
L’histoire de la colonisation de l’Algérie est jalonnée de tueries massives d’Algériens, notamment au début de la conquête, commises, entre autres, par le maréchal Bugeaud, le général Cavaignac ou le colonel Pélissier, et dont le récit est fait par des chroniqueurs français, en l’occurrence des officiers de l’armée, eux-mêmes horrifiés par les procédés utilisés, notamment les «enfumades», consistant à asphyxier des personnes réfugiées ou enfermées dans une grotte. Des milliers d’Algériens, hommes, femmes et enfants, périrent de la sorte.
Concernant les massacres du 8 mai 1945, plusieurs témoignages restituent les faits de cette tragédie qui, paradoxalement, coïncida, avec la célébration de la victoire des Alliés sur les nazis. Elle marquera les esprits des Algériens si profondément qu’ils prendront la résolution d’entreprendre une lutte armée pour arracher leur liberté et leur dignité
Tout commença ce «mardi noir» du 8 mai 1945 lorsque le préfet de police d’alors, Olivieri, tenta d’arracher le drapeau national des mains de Saâl Bouzid qui était en tête d’une marche des Algériens à Sétif, avant de l’abattre à bout portant avec son pistolet. Agé d’à peine 22 ans, il était la première victime des massacres qui allaient suivre.