Soixante ans après le coup de force de quatre généraux opposés à la politique du général de Gaulle en Algérie, l’historien Maurice Vaïsse revient sur cet épisode et ses conséquences.
Propos recueillis par Frédéric Bobin
Publié le 22 avril 2021 à 20h00 – Mis à jour le 23 avril 2021 à 11h43
Il y a soixante ans, le 22 avril 1961, une partie de l’armée française entrait en rébellion contre le général de Gaulle afin de protester contre sa politique d’« abandon » menée en Algérie. Dirigé par quatre généraux – Maurice Challe, Edmond Jouhaud, Raoul Salan et André Zeller –, le « putsch d’Alger » avortera au bout de quatre jours et cinq nuits.
Auteur d’un ouvrage de référence, Le Putsch d’Alger (éd. Odile Jacob, 2021, version enrichie d’un travail déjà paru en 1983 puis 2011), l’historien Maurice Vaïsse retrace dans un entretien au Monde Afrique les péripéties de cet événement dramatique qui a infléchi le cours de la Ve République. Il souligne en particulier « la solitude » de De Gaulle au plus fort de la crise, y compris vis-à-vis de ses plus proches collaborateurs.
Pourquoi le putsch d’Alger a-t-il fini par échouer ?
Le putsch a d’abord réussi parce qu’il a été improvisé, puis échoué parce qu’il a été improvisé. Son organisation n’était pas bonne. Les chefs du complot pensaient que tout allait bien se passer. Ils avaient pris des contacts, obtenu des engagements de personnes plus ou moins importantes en France. Mais ils s’engagent un peu à l’aveuglette. C’est en particulier le cas de Challe, qui est le type même de l’officier républicain, un homme extrêmement méticuleux, intelligent, qui réfléchit bien à ce qu’il fait. C’est une surprise qu’un homme comme lui se soit engagé autant à la légère. On lui a fait des promesses, on lui a dit que l’armée marcherait. Il avait confiance. En réalité, quand les chefs du putsch arrivent à Alger, ils se rendent compte que ce n’est pas le cas.