Guerre d’Algérie: Macron commémore le 19 mars 1962 et assume sa politique mémorielle
par Christophe Lafaye, Docteur en histoire, archiviste et chercheur associé au laboratoire LIR3S de l’université de Bourgogne et Pierre Mansat, Président de l’association Josette-et-Maurice-Audin, militant de la préfiguration de Citoyenneté et Archives
Soixante ans après la fin de la guerre d’indépendance algérienne, les opérations menées par les «sections de grottes» pour déloger les combattants algériens de leurs caches souterraines demeurent un secret cadenassé. La raison ? L’utilisation de l’arme chimique.
Les indépendantistes algériens posaient alors un certain nombre de problèmes tactiques à l’armée française sur le terrain, dont celui de l’utilisation des nombreuses caches, réduits et grottes souterraines naturelles pour se dissimuler. Pour remporter la victoire, le ministère des Armées de la IVe République (Maurice Bourgès-Maunoury) et le haut commandement militaire (les généraux Ailleret, Lorillot, puis Salan) croient à l’utilisation de la chimie à des fins militaires.
Les «enfumades» consubstantielles
Lors de la conquête du pays par la France au début du XIXe siècle déjà, des procédés «spéciaux» avaient été utilisés pour réduire les résistances des autochtones. La conquête de l’Algérie est le théâtre des «enfumades», une forme primitive d’emploi de l’arme chimique en vue de réduire des tribus réfractaires à la domination coloniale. Dès le départ, les autochtones sont déshumanisés et réduits à l’état de bêtes que l’on peut enfumer, de nuisibles dont il faudrait se débarrasser pour «pacifier» le pays. Ces «enfumades» ressurgissent avec force quelques décennies plus tard. Elles sont consubstantielles de l’expérience de la colonisation et de la guerre en Algérie.