MÉTHODOLOGIE DE LA CAMPAGNE DE RECUEIL DE TÉMOIGNAGES D’ANCIENS COMBATTANTS DE LA GUERRE D’ALGÉRIE
LES ORIGINES
La collecte de témoignages a débuté en 2009. Elle est l’expression manifeste d’une volonté de la part de l’EPHMGA de faire partager au plus grand nombre les expériences de ceux qui ont participé à la guerre d’Algérie, quelque soit la nature de leurs expériences. À l’origine du projet, fort de son expérience auprès des anciens déportés et résistants de la seconde guerre mondiale pour lesquels il a travaillé durant des années à ce même genre de mission, M. David Beau s’est chargé de mettre sur pieds cette collecte de témoignages, c’est à dire de trouver les témoins, de capter leur témoignage, de monter les films et de diffuser les vidéos.
MÉTHODOLOGIE
Après s’être assuré de l’accord du témoin et du cadre du témoignage, le tournage a lieu, au domicile du témoin en général, à l’aide d’une seule caméra vidéo. L’interview ne dépasse jamais les 120 minutes. Sont posées des questions simples, ayant pour objectif la perception du spectateur-lambda (collégien, lycéen, étudiant) cherchant des renseignements sur la guerre d’Algérie.
LES QUESTIONS
Les questions posées au témoin s’efforcent de respecter l’ordre chronologique de son expérience. Le récit se développe ainsi selon trois axes principaux :
Le départ
– Où étiez vous, quelle était votre situation lorsque vous avez été appelé sous les drapeaux ?
– Que saviez vous de la guerre d’Algérie ou de l’Algérie à cette époque là ?
– Quelle était la position de votre famille vis-à-vis de la guerre d’Algérie ?
En Algérie
– Comment se sont passées vos classes ? Votre voyage vers l’Algérie ? Quelles ont été vos premières impressions ?
Sont ensuite passées en revue les premières expériences : patrouilles, crapahut, vie sur un piton rocheux, dans un bunker, contacts avec la population locale, vie au quotidien dans une caserne, rapports avec les officiers, lettres aux parents, permissions, etc.
Le retour
– Comment s’est déroulé votre retour ? Dans votre famille ? À la vie civile ?
– Avez-vous été victime d’un traumatisme ? Physique ? Cérébral ? Comment les avez vous surmontés ?
– Avez vous parlé de votre expérience dans les années qui ont suivi votre retour d’Algérie ?
– Quand avez vous témoigné pour la première fois ?
– Vous êtes-vous engagé dans les associations d’anciens combattans, si oui pourquoi ?
– Avec 50 ans d’écart, comment jugez vous aujourd’hui cette expérience de combattant de la guerre d’Algérie ?
LE MONTAGE
Les questions posées, qui se devinent aisément, sont retirées du montage, pour ne laisser que les réponses du témoin. Ces réponses sont illustrées le plus souvent possible de photographies ou de documents numérisés appartenant au témoin. Seules les réflexions politiques appuyées sont retirées. Le témoignage est divisé en petits films d’une durée n’excédant pas les 15 minutes afin de s’adapter au format internet. Des DVD présentant le témoignage in extenso sont ensuite réalisés pour le témoin et les archives de l’association.
LES TÉMOINS
La diversité des témoins a été privilégiée dès le départ. C’est ainsi qu’il est possible de découvrir aujourd’hui les témoignages d’appelés, de rappelés, de soldats de métier, de médecins, de cuistots, de photographes de guerre, de témoins des essais nucléaires, de soldat « du refus », d’officiers SAS, etc.
L’EPHMGA rassemblant plusieurs associations d’anciens combattants de tous bords confondus, il a fallu également tenir compte de cette diversité, ce qui donne à l’arrivée un panel d’opinions sur la guerre d’Algérie plus large et diversifié.
DISTRIBUTIONS & RÉSULTATS
Une fois validés, et après que le témoin ait signé une décharge à l’association, ces témoignages sont mis en ligne sur notre site comme sur le site de partage en ligne www.youtube.com, très utilisé par les jeunes générations.
Aujourd’hui on peut estimer à plus de 30 000, le nombre de personnes ayant visionné une des 87 vidéos, issues de la quinzaine de témoignages déjà mis en lignes. Sur www.youtube.com, ces témoignages génèrent d’ailleurs depuis trois ans de nombreux commentaires et des échanges en tous genres entre les internautes. Certains nous félicitent pour notre travail et nous enjoignent à poursuivre, quand d’autres nous insultent et s’en prennent aux témoins et les actions commises durant leur guerre d’Algérie. Ces réactions tendent à nous prouver que la mémoire de la guerre d’Algérie est encore loin d’être apaisée et qu’il nous faut poursuivre dans cette voie et collecter le plus grand nombre possible de témoignages.
L’AVENIR DE LA COLLECTION
Afin de parvenir à agrandir nettement sa collection de témoignages, l’EPHMGA doit d’abord pouvoir bénéficier de moyens plus professionnels (une ou plusieurs caméras, plus puissantes, une salle de tournage exclusivement réservée à ces témoignages, du matériel d’éclairage, des logiciels de montage plus performants, etc.). L’association doit également pouvoir salarier un ou plusieurs collaborateurs dont le travail serait entièrement consacré à ces témoignages (tournage, montage, archivage, diffusion, publicité, etc.). Dans ses futurs locaux, l’association devrait également bénéficier d’une salle de projection où nous pourrions diffuser sur grand écran ces témoignages ou un florilège de ces vidéos à un public le plus large possible.